Entre le développement de sites Internet, d'applications sous Windows et de jeux pour smartphones, je distribue, édite et écris aussi des livres numériques. Du coup, pour moi, la notion de livre numérique correspond à une version numérique d'un livre. Logique, non ?

Quand on parle de livre numérique, je comprends ebook, et vice versa.

Matériellement (ou immatériellement plutôt), un livre numérique est censé correspondre à un fichier que l'on peut lire sur un appareil numérique (liseuse, ordinateur, tablette, smartphone) ou dans un logiciel, où que l'on soit, sans avoir forcément de fil à la patte (que ce soit un câble d'alimentation ou une connexion 3G à Internet).

C'est en tout cas la définition adoptée en France suite à sa parution au Journal Officiel du 4 avril 2012, tel qu'indiqué sur Wikipédia.

Du coup, lorsque je vais sur le site d'un éditeur de livres, qu'il propose une version numérique, je m'attends à ce que ça y corresponde.

N'étant pas plus que cela fan de la version papier des livres qui s'accumulent un peu trop chez moi et dont je tente de me débarrasser (sans les jeter) avant mon prochain déménagement, je n'achète désormais que de la lecture numérique et limite au maximum la consommation d'arbres imprimés.

Les Editions ENI font une promotion en ce moment sur leurs livres numériques et proposent 25% de réduction pour tout achat avant le 2 janvier à condition d'indiquer BESTSELLERS2012 dans le champ promotion du panier d'achat.

Comme ils proposent des ouvrages qui m'intéressent, histoire de me mettre un peu à jour sur Dojo, Jquery et le HTML5, j'en ai profité tout à l'heure pour faire quelques achats numériques. La commande s'est bien passée, le paiement aussi et la livraison s'est faite dans les secondes qui ont suivi... mais voilà, en guise de livre numérique, ENI ne propose pas de livre numérique mais un site web de consultation des ouvrages achetés. Par moyen d'obtenir un PDF à lire quand on veut sans connexion web.

Je les ai contacté afin de leur faire part de mon étonnement. La réponse est arrivée dans l'après-midi.

Ils m'ont confirmé qu'ils ne proposent pas de version indépendante de leurs livres, contrairement à ce que font d'autres éditeurs. Comme je le leur demandais ma commande a été annulée dans la foulée, sans que je n'ai à ronchonner sur ce point (publicité mensongère, abus de langage, toussa).

Du coup, je ne commanderai plus chez eux, mais je conserve une bonne image de leurs services car ils n'avaient en rien l'obligation de rembourser !

La loi française sur la VPC est claire à ce sujet: seuls les biens physiques non personnalisés peuvent être retournés dans les 7 jours, dans le cadre d'une livraison numérique ou d'un service dont l'utilisation a été entamée, le commerçant fait ce qu'il veut. Les Editions ENI ont donc décidé de me rembourser et je les en remercie.

Passons sur le problème d'abus de langage sur "livre numérique" car ils n'en vendent pas mais fournissent une version numérique consultable sur Internet de leurs livres.

Le pourquoi d'une telle pratique est simple : limiter le piratage et la diffusion massive d'ouvrage sans que les personnes ayant bosser à leur création ne touche leur juste rémunération.

Dans ce domaine, plusieurs optiques :

  • certains, comme Eyrolles, vendent une version PDF avec marquage de chaque page,
  • d'autres, comme Editions ENI ou O'Reilly (ça fait un bail que je n'ai pas vérifié, mais c'était le cas il y a quelques années), un accès en ligne,
  • d'autres encore fournissent une consultation par l'intermédiaire d'un programme (avec parfois une version tablette / smartphone),
  • d'autres enfin fournissent la version numérique du livre en faisant confiance à leurs clients (et en croisant les doigts pour que le fichier en question ne circule pas trop),
  • d'autres enfin distribuent delivres numériques gratuitement lorsqu'ils sont libres de droits comme Ebooks libres et gratuits ou Gratuibook.

Dans un monde où l'édition se porte bien (en quantité de sorties), mais où les ventes en papier diminuent, les éditeurs se cherchent... et les libraires se meurent !

Le problème dans tout ça est simple : le prix des ouvrages papier, le prix des leur version numérique et le nombre d'exemplaires qui circuleront sans être achetés pour chaque vente réalisée. Comme toujours, ce sont les clients sérieux qui pâtissent des mesures antipiratage (comme ces putains de 10 minutes incontournables d'avertissements, pubs et autres infos à la con en début de chaque DVD du commerce sans parler des taxes honteuses pratiquées sur tout support d'enregistrement informatique dès le moment où il est susceptible de stocker musiques ou films).

Un jour, peut-être, les fabricants, créateurs et diffuseurs comprendront qu'il faut faire confiance à leurs clients et qu'il y a un effet de masse sur les produits numériques permettant de jouer beaucoup plus sur les prix qu'ils ne le font actuellement. Aucune mesure de protection ne permet de limiter ou arrêter le piratage, alors autant arrêter de les payer, baisser les prix et permettre à plus de monde d'acheter pour concurrencer le marché du tout gratuit que sont certains sites Internet illicites trop fréquentés.

Tout ça pour dire que pour moi, un livre numérique se doit d'être un livre numérique... et pas un site Internet de consultation de pages web sur lesquelles auraient été copiées les pages du livre papier.